À la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), tenue au Caire en 1994, la communauté internationale a convenu d’affecter un montant annuel de 18,5 milliards de dollars d’ici 2005, 20,5 milliards de 2006 à 2010 et 21,7 milliards de 2011 à 2015 aux programmes de population et de santé procréative dans les pays en développement. Deux tiers de la somme fixée viendraient des pays en développement eux-mêmes et le dernier tiers du financement par les donateurs.
Tant les pays donateurs que les pays en développement ont fait des débuts prometteurs, atteignant leurs objectifs de 2005 tels qu’énoncés dans la CIPD. Mais, en 2009, la Commission de la population et du développement, organe de l'ONU, a mis à jour et accru le coût de l'ensemble des activités de population prévues par la CIPD. Cette révision était nécessaire, car les coûts et les besoins impératifs de mener à bien le Programme de la CIPD avaient changé au cours des 15 premières années de son existence, et en 2009 il était manifeste que les niveaux de financement ne suffisaient pas pour que la communauté internationale soit en mesure d'atteindre l'OMD 5 (faire baisser de 75 % le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement).
Alors que la date limite d'application du Programme d'action initial approche, de sérieuses lacunes subsistent dans le financement des activités en matière de population qui sont nécessaires pour respecter les critères ci-dessus, ce qui rend difficile aux pays de fournir l'information, les services et les produits indispensables pour atteindre les objectifs de la CIPD d'ici 2015.
Au cours de la dernière décennie, la communauté internationale n'a pas attaché l'importance qu'il mérite au financement de la santé procréative, surtout à celui de la planification familiale. Les dépenses consacrées aux services de santé procréative ont constamment augmenté, mais à un rythme bien inférieur à celui du financement de la lutte contre les IST et le VIH/sida. Et les dépenses consacrées à la planification familiale ne sont pas plus élevées aujourd'hui qu'à l'époque où s'est tenue la CIPD. De fait, les fonds affectés à la santé procréative et à la planification familiale sont très insuffisants pour faire face aux besoins d'un nombre croissant de couples en âge de procréer dans les pays en développement. Selon les évaluations, plus de 215 millions de femmes ne sont pas en mesure d'avoir accès aux formes modernes de contraception qu'elles souhaiteraient utiliser. En réponse, la communauté internationale a pris plusieurs mesures capitales:
En 2010 L'ONU a lancé une 'Stratégie mondiale pour la santé de la mère et de l'enfant'. Cela s'est fait lors du Sommet des dirigeants pour les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tenu en 2010, et environ 40 milliards de dollars E.U. ont été annoncés au bénéfice de la santé maternelle et infantile et de la réalisation des OMD 4 et 5 (réduire la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle).
La même année, l'Initiative de Muskoka sur la santé maternelle, néonatale et infantile a été annoncée au 36e Sommet du G-8; elle engageait les États membres du G-8 à dépenser collectivement un montant additionnel de 5 milliards de dollars entre 2010 et 2015 pour accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement 4 et 5.
En 2012, le Gouvernement du Royaume-Uni et la Fondation Bill et Melinda Gates ont accueilli un Sommet de la planification familiale au cours duquel les donateurs se sont engagés à contribuer à hauteur de 4,6 milliards de dollars. afin d'offrir d'ici 2020 un accès aux services de planification familiale à 120 millions de femmes de plus dans plusieurs pays les plus pauvres. De cette somme, 2 milliards de dollars en provenance des pays en développement et 2,6 milliards de dollars en provenance des donateurs et partenaires.
En dépit des progrès enregistrés, la surveillance exercée par les parlementaires est aujourd'hui plus nécessaire que jamais pour garantir que les actes des dirigeants mondiaux s'accordent avec leurs paroles.
En outre, tandis que les pays en développement consacrent ensemble une part croissante des ressources nationales pour répondre aux enjeux liés à de population, les pays plus pauvres continuent de dépendre entièrement de l'assistance externe. Ils ne seront pas en mesure de répondre aux besoins de leur population à moins que les donateurs n'accroissent leur soutien.
Une autre difficulté redoutable pour faire progresser l'agenda de la CIPD réside dans la nécessité de créer et d'entretenir un environnement propice à la résolutions des questions relatives aux droits en matière de santé procréative et sexuelle. A ce titre, des progrès sensibles se sont concrétises par l’adopter et l’application de lois, politiques et programmes pertinents concernant la population et le développement durant la dernière décennie.
96 % des 151 pays qui ont répondu à l'enquête mondiale de l'UNFPA en 2004 ont fait état de mesures visant à intégrer les questions de population dans leurs politiques et stratégies de développement.
L'omission partielle des droits en matière de santé procréative et sexuelle parmi les OMD originels et leur insertion en 2005 en tant qu'OMD 5b indiquent aussi bien la place importante désormais attribuée à la question par la communauté internationale que les obstacles qui leur sont opposés de la part de certaines forces conservatrices.
Nombreuses lois et politiques ne sont pas encore ce qu'elles devraient être. L'application des lois et des politiques existantes demeure problématique dans de nombreux pays. Plus de 358 000 femmes meurent chaque année de complications de la grossesse et de l'accouchement qui pourraient être soignées. La croissance démographique dans les pays en développement contribue aussi, en parallèlement à la forte consommation de ressources par la population des pays riches, à faire peser un stress croissant sur l'environnement mondial. Manifestement, il faut faire beaucoup plus pour atteindre tous les objectifs de la CIPD.
Il dépend de la volonté politique des gouvernements, tant des pays développés que des pays en développement, que nous puissions ou non combler les lacunes existantes dans le financement, ainsi que dans la législation et les politiques, et que nous puissions ou non atteindre d’ici 2015 les objectifs de la CIPD et les objectifs du Millénaire pour le développement. Pour dégager cette volonté politique, l'appui résolu des parlementaires est d’importance critique. La CIPD servira de référence capitale pour maintenir la question à l'ordre du jour et l'intégrer dans le monde entier au cœur des débats parlementaires, tant maintenant que dans l'avenir.
